Tous les livres critiqués sous: France

langue de la rédaction d’un ouvrage

Annie Ernaux, L'Atelier noir

L’atelier noir

Annie ERNAUX écrit sur l’écriture. Ou plutôt, elle nous donne à lire son journal d’écriture. Elle nous livre la chronique disparate de son travail d’écrivaine. Au fil de la publication de ses différents ouvrages, de 1982 à 2007, nous découvrons son lent et difficile travail d’écriture. C’est presque illisible, rempli d’abréviations, telles les formules ésotériques d’une alchimiste retirée dans son atelier. Tout cela n’a presque de signification que pour elle-même. Et pourtant c’est passionnant, parce qu’elle révèle au grand jour comment elle transforme le plomb en or…

Albert CAMUS, L'étranger

L’étranger

Roman lu et relu, trop connu, et pourtant magnifique. Dans ce court récit, tout l’art romanesque des XX et XXIèmes siècles se condense. Une histoire âpre, des phrases courtes, un style direct; un personnage, vivant, tragique, et une vision du monde. Camus conduit son personnage de l’éblouissement à l’ombre, et fait resplendir dans la nuit une lumière.

Christine Angot, Une semaine de vacances

Une semaine de vacances

Christine ANGOT fait le terrible récit d’un abus sexuel répété durant une semaine. Un homme, professeur distingué, a la garde d’une adolescente pour une période de congé, en l’absence de la mère. Il abuse d’elle sans violence, par une contrainte avant tout morale. L’écriture de la romancière est à l’image de ces faits : froide, presque neutre, violente, terrible: insupportable presque.

Dorothy Shoes, Django duvoyage

Django du voyage

Très beau livre de la photographe qui consacre un album accompagné de textes à Django. Django est un homme du voyage, un gitan que l’auteur a apprivoisé dans une démarche tendre et respectueuse. L’homme pose pour la photographe, et cette pause dans le temps est l’occasion d’un double portrait : celui d’un homme libre et analphabète, auquel la photographe prête mots et images. C’est à une vraie rencontre que nous assistons, entre le modèle et l’artiste.

Edouard LOUIS, En finir avec Eddy Bellegueule

En finir avec Eddy Bellegueule

Un homme en colère. Un garçon jadis rejeté, stigmatisé, renie aujourd’hui son passé. Le fils prodigue, autrefois rejeté, retourne dans son milieu d’origine le temps d’une narration; l’enfant indigne insulté revient par écrit sur sa famille alcoolique et violente, pour mieux en réchapper. Revenir pour mieux repartir.
Le récit presque sociologique, illustration des théories du bouc émissaire, se double d’un roman excellent qui pourrait s’intituler “L’étranger”, loin du soleil d’Alger, plongé dans la grisaille de la Picardie.

Annie-Ernaux-Autre-fille

L’autre fille

Annie ERNAUX consacre ce court récit à sa soeur morte, qu’elle n’a jamais connue. Sa famille a toujours caché le décès qui a précédé la naissance de l’auteur. Secret de famille, terrible et difficile à tenir : en 1950, l’auteur apprend les faits par mégarde. Elle donne à voir la disparue et sa présence en creux au cours d’une existence.

Michel Lesbre, Écoute la pluie

Écoute la pluie

Une femme assiste sur le quai du métro au suicide d’un vieil homme. Avant de se jeter sous les roues de la rame, l’homme adresse à la femme un sourire. Ce drame bouleverse la femme. Elle déambule alors dans Paris, des jours et des nuits.
Son état l’empêche de rejoindre son amant à l’hôtel des Embruns, sur la côte nantaise. Mais pourra en cours de récit apprendre à écouter la pluie, et voir le sourire.

Lionel Duroy, L'hiver des hommes

L’hiver des hommes

Lionel Duroy en République Serbe de Bosnie, égal à lui-même, parlant de soi, alors que surgissent autour de lui de nombreux témoignages au lendemain de la guerre dans l’ancienne Yougoslavie. Lionel Duroy a du chagrin, Lionel Duroy est en colère; maintenant il témoigne du conflit en Serbie… Outrepassons la posture égotiste, pour retenir le récit terrible, le propos intéressant, l’écriture soignée, et le rêve humanitaire de l’auteur.

Michel Lesbre, Sur le sable

Sur le sable

Un homme assis sur le sable assiste à l’incendie d’une maison dans les dunes. La narratrice, Hélène, l’accompagne dans cette vision des flammes. Ils parlent alors de cette maison qui a été “le théâtre unique de tragédies intimes”, bientôt réduites en cendres.
Michèle LESBRE écrit ici un étrange “roman de plage” à la manière de Patrick Modiano.

Jean-Michel Guenassia, La vie rêvée d'Ernesto G.

La vie rêvée d’Ernesto G.

Cent ans de l’existence de Joseph Kaplan, médecin tchèque qui traverse les ans et les difficultés depuis 1910, en France, en Algérie ou en Tchécoslovaquie. On parcourt avec le héros le vingtième siècle jusqu’à nos jours : l’invasion nazie, la persécution des Juifs, le printemps de Prague et la domination soviétique. On découvre avec intérêt une fresque historique ample dans ce roman volumineux dont GUENASSIA a le secret.

Santiago H. Amigorena, 1978

1978

Chronique douce-amère d’une année scolaire. Un étudiant étranger de 16 ans, réfugié politique, débarque en classe de première. Un condisciple raconte cette arrivée et son incorporation dans la bande d’amis : Thierry, Pierre ou Jean-François. Ce livre est le récit d’une amitié dont seule est capable l’adolescence.