Cent ans de l’existence de Joseph Kaplan, médecin tchèque qui traverse les ans et les difficultés depuis 1910 en France, en Algérie ou en Tchécoslovaquie. L’invasion nazie, la persécution des Juifs, le printemps de Prague et la domination soviétique : les épreuves n’entament pas le moral de notre homme.
Ample fresque historique
Sous la conduite de l’auteur, nous suivons le parcours de ce Juif errant qui connaît les heurs et malheurs du siècle dernier. Le héros traverse les années et les frontières en compagnie de sa femme Christine, de sa fille Héléna ou de son ami Pavel. On croise la figure légendaire de cet Ernesto G., révolutionnaire cubain connu sous le nom du Che; malade, il fera halte en Tchécoslovaquie, avant de mourir au combat en Amérique du Sud.Au départ, Joseph est un jeune Tchèque d’une vingtaine d’années établi en France avec son père. Médecin diplômé, il part en Algérie française pour occuper un poste à l’Institut Pasteur. A Alger, il fait la connaissance de Maurice, Nelly et Christine, pour s’adonner aux plaisirs de la vie d’expatriés.Mais l’avancée nazie en Afrique du Nord l’oblige à se retirer dans une contrée éloignée de l’Algérie où il travaille pendant trois ans dans la lutte contre le paludisme. A son retour, plus rien n’est comme avant. Il retourne en Tchécoslovaquie en compagnie de Christine et de Pavel. Les belles années du communisme tchècoslovaque n’ont cependant qu’un temps et plusieurs proches fuient quand il en est encore temps : son épouse Christine, avec Martin son fils, qui rejoint la France; Pavel, pourchassé par les services secrets communistes, abandonne femme et enfant.
Indéfectible Héléna
Joseph reste seul avec sa fille Héléna, et survit aux années de plomb. Il dirige comme médecin un sanatorium; Helena le seconde comme infirmière. Ils reçoivent en traitement Ernesto G., gravement malade, protégé par le régime communiste. Héléna tombe sous son charme et veut fuir l’Est pour bâtir avec lui une vie nouvelle en Argentine. Mais les forces de l’ordre les en empêchent.On sait ce qu’il adviendra du combattant de la révolution sud-américaine. Hélèna, elle, reste avec son père pour assister bien plus tard à la chute des pouvoirs communistes et du Rideau de fer. On quitte en 2010 le médecin praguois, sa fille et ses petits-enfants, réconciliés, l’âme en paix avec le passé.
Manque la folie
Après le Club des incorrigibles optimistes, génial premier roman, GUENASSIA nous donne à découvrir une ample fresque du XXème siècle à nos jours, par le biais de son héros Joseph K. On se rappelle ainsi les événements qui ont marqué les cent dernières années: la deuxième guerre mondiale, les dictatures communistes en Europe centrale, la chute du Rideau de fer.Cela est fort intéressant, même s’il manque ici et là cette magie du premier roman, un peu de folie et la fantaisie des membres ce Club des optimistes qui nous avait plu. On sourit ici de voir apparaître Pavel, comme un amusant clin d’oeil, qui nous avait ému comme ancien communiste joueur d’échec invétéré au sein du Club.