Tous les livres critiqués sous: Egotisme

Annie ERNAUX, Les années

Les années

Au fil des pages, alors que l’évocation du passé défile à partir des photos qui se succèdent, l’inventaire devient systématique. Ce livre est le répertoire chronologique d’une vie intime, celle de l’auteur, avec, en écho, la vie en société. C’est l’usage de la photo comme prétexte réitéré, préalable à chaque texte, pour former in fine une énumération des pratiques sociales, une évocation de l’époque à partir de réminiscences intimes. Avec beaucoup de nostalgie.

Laurence Tardieu, Une vie à soi

Une vie à soi

En 2011, Laurence Tardieu découvre l’œuvre de la photographe Diane Arbus, morte suicidée. Quelque chose se passe lors de cette exposition: la découverte d’une sœur du malheur, la perception d’un reflet dans le miroir, la volonté de comprendre le mal-être, sans vouloir guérir ni résoudre.
La rencontre analogique entre deux artistes hypersensibles

Annie Ernaux, Mémoire de fille

Mémoire de fille

Mémoires d’une jeune fille dérangée. Annie Ernaux replonge dans l’été de l’année 1958, du choc créé par une première relation avec un homme et du traumatisme causé pendant plus de deux ans. La jeune fille travaille comme monitrice dans une colonie de vacances pour enfants. Elle connaît là sa première expérience de travail en groupe, de vie en société hors de chez elle; elle y rencontre un homme, H., plus âgé, qui entretient avec elle une courte relation. Leurs rapports sexuels se déroulent avec violence et laissent la jeune fille dans une sorte de stupeur. Double expérience, celle du désir qui prend corps et celle de la honte au sein d’un groupe. Corps sexué et social, placés sous le signe de la honte, la forme la plus vive de la mémoire parce qu’inscrite dans la chair.

Frederic Boilet et Laia Canada, 286 jours

286 jours

286 jours en 544 pages; 544 photos ou plus en couleur, format italien.
Une jeune femme, Laia Canada, et un auteur de BD reconnu, Frédéric BOILET, entament une relation passionnée et la relatent à l’aide de photos numériques. Naît le journal intime photographié à quatre mains, un reportage photo de leur passion au jour le jour. Un roman bio(photo)graphique. C’est terriblement privé, impudique, plaçant le lecteur en position de voyeur selon le principe de la caméra subjective.

Frédéric Boilet, L'épinard de Yukiko

L’épinard de Yukiko

Frédéric BOILET scénarise de manière originale une histoire d’amour. Il fait la rencontre au Japon de Yukiko, jeune étudiante de moins de 20 ans. Leur amour est subit et bref : une dizaine de jours. L’histoire se déroule sous nos yeux avec pour point de vue le dessinateur en “caméra subjective”. Le livre présente les traits, faits et gestes de Yukiko par le seul biais du narrateur. Le parti pris est fascinant, l’histoire est attachante, dont se dégage une mélancolie,

Christine Angot, Une semaine de vacances

Une semaine de vacances

Christine ANGOT fait le terrible récit d’un abus sexuel répété durant une semaine. Un homme, professeur distingué, a la garde d’une adolescente pour une période de congé, en l’absence de la mère. Il abuse d’elle sans violence, par une contrainte avant tout morale. L’écriture de la romancière est à l’image de ces faits : froide, presque neutre, violente, terrible: insupportable presque.

Delphine de Vigan, Rien ne s'oppose à la nuit

Rien ne s’oppose à la nuit

C’est le récit d’une vie terrible, celle de Lucille, la mère de Delphine de VIGAN. C’est l’histoire tragique d’une famille de 9 enfants, où se succèdent les accidents, des suicides, un viol : on ne sort pas indemne de telles origines. C’est aussi l’histoire de l’auteur qui s’écrit ici par personne interposée. Un roman familial donc, c’est toujours intéressant.

Camille Laurens, Romance nerveuse

Romance nerveuse

Deux histoires s’entremêlent: Camille Laurens entretient une relation difficile avec Luc, un photographe, borderline; la romancière perd son éditeur à la suite d’une polémique. Qu’à cela ne tienne, Camille Laurens écrit le roman de Luc, quasiment sous nos yeux, pour le compte d’une nouvelle maison d’édition.
Autofiction : l’auteur est une sorte d’espion de l’intime. Sa propre vie fait l’objet de ses livres, comme ses livres sont… toute sa vie !

Christine Angot, Le marché des amants

Le marché des amants

Écriture de l’intime, monstration du quotidien. La littérature de l’ego relate par le menu la vie de tous les jours. Elle fait parler les détails, le superflu, l’anecdotique, jusqu’à … une certaine fascination! L’amour, le sexe, le beau, le laid : tout nous est raconté. Les détails s’accumulent et forment un ensemble prenant, un tableau, un beau portrait.

Annie Ernaux, L'usage de la photo

L’usage de la photo

L’amour et la mort. Une femme et un homme photographient et écrivent leurs ébats; photos et écriture s’associent au nom de l’amour. Les deux amants commentent tour à tour leurs vêtements laissés là, en tas épars, dispersés, à même le sol. C’est terriblement intime, très personnel, et c’est passionnant. Avec Annie ERNAUX, le privé devient universel.