Amour, Autobiographie, Egotisme, France, Intime, Photo

286 jours

Frederic Boilet et Laia Canada, 286 jours

286 jours en 544 pages, en couleur et dans un format italien.Une jeune lectrice espagnole de 20 ans ou un peu plus, étudie les beaux-arts à Barcelone. Elle a lu les bandes-dessinées de Frédéric BOILET avec extase. Elle approche l’auteur français en lui adressant un courriel où elle déclare son admiration. La jeune femme et l’auteur reconnu se rencontrent et entament une relation passionnée.

Roman bio(photo)graphique

Ils commencent de concert la relation d’une histoire à l’aide de photos numériques. Naît le journal intime photographié à quatre mains, un reportage photo de leur passion au jour le jour. Un roman photographique : bio(photo)graphique. Les deux amants se photographient l’un l’autre lors de leurs rencontres au restaurant, dans le train, à l’aéroport, dans une maison de campagne. A Paris ou Barcelone, dans les Vosges ou à Angoulème; dans une cuisine, sur la terrasse, une chambre ou un lit.Le parcours des deux amants, photographié par les protagonistes mêmes, court du premier jour au dernier, ou un peu plus : un an jour pour jour. Les histoires d’amour finissent mal en général, et celle-ci aussi. Entretemps, le récit court de photos en clichés pris à la volée, parsemé de notes, de citations (un film, une chanson, un poème), de recettes (cailles, truites ou boeuf braisé), mails et textos : tous les matériaux sont bons pour construire le récit, tisser la trame d’un amour qui s’effiloche dans le temps.

Lecteur/voyeur

Frederic Boilet et Laia Canada, 286 joursC’est terriblement privé, impudique, subjectif, personnel, particulier. Et suffisamment intime que pour devenir général, universel, en cela commun, banal, normal. Les photos, notes ou citations offrent au regard du lecteur-voyeur un quotidien ordinaire qui devient intéressant parce que partagé par deux êtres qui s’aiment littéralement sous nos yeux.On peut s’interroger sur le pourquoi de cette monstration d’une relation privée. Quels sont les mobiles, est-ce bien nécessaire d’en faire état, sous formes de photos et puis d’un livre? L’auteur est un vétéran de l’égotisme, un vieux de la vieille du récit auto(bio)graphique avec une subjectivité totale :

Ces deux romans graphiques avait pour point de vue l’oeil du dessinateur-narrateur, comme au cinéma la camera subjective utilisée dans des rares films comme:

  • “La femme défendue” de Philippe HAREL
  • “Enter the Void” de Gaspar NOE.

Cela a pour effet immédiat de plonger le lecteur-cadreur-spectateur dans l’histoire. On voit avec les yeux de l’auteur, dans des mouvements de caméra ou un cadrage de photographe; c’est vivant, cela bouge, donnant lieu à un “bougé” ou flou naturel.

Égotisme

En littérature, on retrouve de tels propos dans les écrits égotiques des écrivaines de l’intime:

On pense particulièrement à ces récits photographiques “L’usage de la photo” de ERNAUX ou “Romance nerveuse” de Camille LAURENS qui mettait en jeu un photographe.Particulier donc, original, intéressant.

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