Egotisme, France, Roman

Romance nerveuse

Camille Laurens, Romance nerveuse

Deux histoires se croisent et se mêlent, par un heureux concours de circonstances.

  • Camille Laurens entretient une relation avec un homme qui n’est pas “son genre”, un paparazzi instable, un homme sans paroles, sans gravité, comme il y a des êtres sans qualité.

“Je suis là dans deux minutes” restait souvent dépourvu d’effet, il arrivait deux heures après sans une excuse, ou pas du tout. “Je t’invite à dîner” ne me dispensait pas de payer ma part, voire la sienne” (p. 130)

  • La romancière, par ailleurs, quitte son éditeur, POL, avec qui une relation forte faite de confiance existait depuis de nombreuses années. Cela arrive après une polémique entretenu avec un autre auteur de la maison qui lui vole un sujet de roman.

Ces deux faits se rejoignent quand l’auteur saisit l’occasion de dresser le portrait de Luc, tantôt cocasse, parfois affligeant, souvent sympathique, d’un homme sans parole. Il est surtout le sujet d’un nouveau roman qui naît pour une auteure en panne, sans éditeur.

Autofiction: un art en ré mineur

Camille LAURENS est la reine de l’autofiction, aux côtés de Christine ANGOT et Annie ERNAUX. Sa propre vie fait l’objet de son œuvre. La littérature, c’est la vraie vie… selon une belle formule de Marcel PROUST.Écrire pour LAURENS est un art en ré mineur, de l’ordre de la reprise, de la reconduction, du réemploi.

“Variation plus ou moins monotone de thèmes familiaux, reconduction de schémas névrotiques, mais aussi reprise heureuse de motifs musicaux, frise merveilleuse, relectures, remplois (…)” (p.59)

Nous voulons des romans d’amour

Tout dans sa vie est sujet à roman, depuis le plus terrible (la mort de son fils, “Philippe”), jusqu’au plus futile, la liaison avec Luc. C’est vrai, c’est la vraie vie, mais c’est de la littérature.L’auteure en fin de récit nous avertit :

“Tu ne t’appelles pas Luc, bien sûr, dans la vraie vie, c’est un roman, alors il porte le deuil de ton nom, Luc est la marque de ton absence.” (p. 213)

L’homme ne s’appelle pas Luc, Camille ne s’appelle pas Camille, mais Laurence… Tout est faux, et tout est vrai. Et ne boudons pas notre plaisir de lecteur!

“Il y a des livres qui ne sont beaux que parce qu’ils ont été écrits depuis, écrits de. Nous voulons des romans d’amour, pas des romans sur l’amour, des livres de deuil, pas des livres sur le deuil.” (p.20)

 

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