Tous les livres critiqués sous: Autobiographie

Annie ERNAUX, Les années

Les années

Au fil des pages, alors que l’évocation du passé défile à partir des photos qui se succèdent, l’inventaire devient systématique. Ce livre est le répertoire chronologique d’une vie intime, celle de l’auteur, avec, en écho, la vie en société. C’est l’usage de la photo comme prétexte réitéré, préalable à chaque texte, pour former in fine une énumération des pratiques sociales, une évocation de l’époque à partir de réminiscences intimes. Avec beaucoup de nostalgie.

Laurence Tardieu, Une vie à soi

Une vie à soi

En 2011, Laurence Tardieu découvre l’œuvre de la photographe Diane Arbus, morte suicidée. Quelque chose se passe lors de cette exposition: la découverte d’une sœur du malheur, la perception d’un reflet dans le miroir, la volonté de comprendre le mal-être, sans vouloir guérir ni résoudre.
La rencontre analogique entre deux artistes hypersensibles

Patti SMITH, M Train

M Train

18 stations dans la vie de la chanteuse Patti SMITH. Autant d’escales le long d’un trajet qui nous mène de Greenwich Village jusqu’à la Guyane, en passant par Londres ou le Japon. Apparaissent des proches décédés ou des artistes aujourd’hui disparus qui comptent pour la chanteuse. On connaissait parmi ses mentors Rimbaud ou Verlaine, on voit aussi surgir Jean Gent, Bolano ou Frida Kahlo.
Ce voyage en train est une longue procession pour célébrer la mémoire d’artistes qu’elle vénère.

Brigitte Giraud, Avoir un corps

Avoir un corps

Toute une vie de femme racontée par le biais du corps. Passe l’enfance, vient le temps des amours, la vie en couple, le corps qui fait place à l’enfant, la mort de l’homme. C’est le portrait d’une femme faite de strates différentes, qui se superposent, sédimentent et tiennent ensemble, solidaires. Rien qu’une femme, mais qui les vaut toutes.

Colette FELLOUS, La préparation de la vie

La préparation de la vie

Récit fourre-tout, qui concerne la vie de l’auteur depuis l’enfance jusqu’à aujourd’hui. Colette FELLOUS égrène des souvenirs d’enfance, des photos de jeunesse, une histoire d’amour manquée avec un américain à Paris, des poèmes japonais, et surtout l’admiration pour Roland Barthes, dont elle a suivi le séminaire sur la préparation au roman, véritable préparation à la vie.

Nancy HUSTON, Bad girl

Bad girl

Entre fiction et réalité, l’auteur parle de soi. Elle s’adresse à elle-même par le biais d’une autre, Dorrit : bébé, fille et femme, à tous les âges, adulte, celui de l’enfance ou même de la vie in utero. Elle retrace ses classes de littérature, établit une filiation avec ses professeurs de désespoir: Gary, Beckett, Ernaux. Terrible récit, fort attachant.

Paul Auster, Excursions dans la vie interieure

Excursions dans la zone intérieure

Rapport de la vie intérieure d’un grand écrivain américain. Le récit est mélancolique. L’auteur rapporte de manière systématique les faits et gestes, pensées et idées de l’enfance, depuis l’âge de 6 ans jusqu’à 22 ans. Et il n’y a pas à rire : mélancolie prégnante, malaise sourd… Mais c’est à la naissance d’un grand écrivain que nous assistons dans ce rapport du passé.

Emmanuel Carrère, Le Royaume

Le royaume

L’évangile selon Carrère… C’est la vie de Jésus, le parcours des apôtres Paul et Luc vers l’édification de l’Église. Mais c’est un livre d’Emmanuel CARRÈRE, donc particulier. L’auteur parle de sa vie, de sa femme, ses enfants, de connaissances; de ses années de doutes, d’interrogations, de croyances aussi. Et puis Il nous parle d’hommes ordinaires, mais exceptionnels. C’est alors qu’il nous touche au plus près : un homme parle de lui et donc de l’humanité entière.

Frederic Boilet et Laia Canada, 286 jours

286 jours

286 jours en 544 pages; 544 photos ou plus en couleur, format italien.
Une jeune femme, Laia Canada, et un auteur de BD reconnu, Frédéric BOILET, entament une relation passionnée et la relatent à l’aide de photos numériques. Naît le journal intime photographié à quatre mains, un reportage photo de leur passion au jour le jour. Un roman bio(photo)graphique. C’est terriblement privé, impudique, plaçant le lecteur en position de voyeur selon le principe de la caméra subjective.

Annie Ernaux, L'Atelier noir

L’atelier noir

Annie ERNAUX écrit sur l’écriture. Ou plutôt, elle nous donne à lire son journal d’écriture. Elle nous livre la chronique disparate de son travail d’écrivaine. Au fil de la publication de ses différents ouvrages, de 1982 à 2007, nous découvrons son lent et difficile travail d’écriture. C’est presque illisible, rempli d’abréviations, telles les formules ésotériques d’une alchimiste retirée dans son atelier. Tout cela n’a presque de signification que pour elle-même. Et pourtant c’est passionnant, parce qu’elle révèle au grand jour comment elle transforme le plomb en or…

Christine Angot, Une semaine de vacances

Une semaine de vacances

Christine ANGOT fait le terrible récit d’un abus sexuel répété durant une semaine. Un homme, professeur distingué, a la garde d’une adolescente pour une période de congé, en l’absence de la mère. Il abuse d’elle sans violence, par une contrainte avant tout morale. L’écriture de la romancière est à l’image de ces faits : froide, presque neutre, violente, terrible: insupportable presque.

Edouard LOUIS, En finir avec Eddy Bellegueule

En finir avec Eddy Bellegueule

Un homme en colère. Un garçon jadis rejeté, stigmatisé, renie aujourd’hui son passé. Le fils prodigue, autrefois rejeté, retourne dans son milieu d’origine le temps d’une narration; l’enfant indigne insulté revient par écrit sur sa famille alcoolique et violente, pour mieux en réchapper. Revenir pour mieux repartir.
Le récit presque sociologique, illustration des théories du bouc émissaire, se double d’un roman excellent qui pourrait s’intituler “L’étranger”, loin du soleil d’Alger, plongé dans la grisaille de la Picardie.

Emmanuel Guibert, La guerre d'Alan

La guerre d’Alan

Emmanuel GUIBERT trace en images et en mots la vie d’un jeune Américaine enrôlé dans l’armée US. Il débarque en France en 1945 pour libérer l’Europe. Son parcours le mène en Allemagne dans les premières années d’après-guerre.
De nombreux portraits d’êtres humains fort attachants jalonnent le récit. Le dessin est épuré, elliptique, fulgurant de réalisme “idéalisé”, et s’accorde à merveille avec la simplicité du héros Alan, juste quelqu’un de bien.