France, Roman, Transplantation cardiaque

Réparer les vivants

Maylis de KERANGAL, Réparer les vivants

Le jeune Simon Limbres se réveille à 5h50 près du Havre, un matin froid de février. Il accompagne en camionnette deux amis pour surfer sur les vagues sur la route d’Étretat. Sur le chemin de retour, le van heurte violemment un obstacle. Simon est hospitalisé, déclaré mort même si le cœur continue de battre. Claire demeure au bloc de surveillance pour surveiller l’état de son cœur.

Roman en chaîne

Entre ces deux personnages, seule une compatibilité sanguine en commun. Entre eux deux, une série de personnes interviennent et se relayent. Chaque chapitre met en avant un protagoniste qui procède au passage du témoin. Tous ces gens forment une chaîne humaine qui se déroule sous nos yeux.

C’est Chris, jeune copain qui conduit la camionnette après le surf sur la plage. C’est Pierre Révol, médecin anesthésiste  à l’hôpital du Havre, qui effectue les examens médicaux sur le jeune Simon. Il constate le cerveau à l’arrêt, alors que le cœur continue de battre. C’est Cordélia Owl, infirmière qui borde le lit du jeune mortellement blessé.

C’est aussi Marianne et Sean Limbres, les parents, au chevet de leur fils. C’est Thomas Rémige qui les réconforte et leur propose le don d’organes. Que reste-t-il à faire, sinon :

« Enterrer les morts et réparer les vivants ». (p. 133)

Juliette, l’amie; Lou, la petite sœur. Marthe Carrare, médecin à l’Agence de la biomédecine; Virgilio Breva, qui pratique l’opération chirurgicale avec la jeune Alice Harfang. Tous interagissent et se passent le relai dans un compte à rebours haletant. Le cœur en effet, extrait du corps, se conserve 4 heures avant d’être transplanté.

Unité de temps

L’unité de temps donne au récit sa force, une cohérence et un rythme avec, ici et là, digressions et même épisode humoristique. Tous les personnages participent à cette chaîne humaine avec leur histoire pour bagage. Chaque protagoniste représente un moment comme une pulsation d’un cœur qui bat. Un mouvement s’amorce, un processus s’enclenche, une course contre le temps s’engage avec, pour décor principal, un hôpital de province.

Dans cette avancée effrénée, correspond une écriture rythmée, presque ininterrompue. De longues phrases se suivent : discours logiques, monologues intérieurs et échanges entre personnages se succèdent sans distinction sans ralentir la marche en avant. Un chapitre est un instant, un arrêt dans le temps qui réunit en l’espace d’une journée, donneur et receveur. 24 heures dans la vie des hommes.

Don magnifique

Ce rapport indirect entre donneur et le receveur est à l’image de la relation qui nous unit, nous lecteurs, à l’auteur, qui nous fait don ici d’un roman palpitant.

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