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Les boîtes en carton

Tom Lanoye, Les boîtes en carton

Ces boîtes en carton sont le symboles de ce roman d’initiation. Elles donnent l’occasion à l’auteur de dévoiler ce qu’elles contiennent : les souvenirs truculents, parfois attendrissants, d’un jeune flamand adolescent qui découvre l’amour dans la petite ville de P. près de Beveren, dans le pays de Waas, durant les années ’70. Un parcours de formation se dessine en filigrane, depuis les origines familiales d’un enfant au tout début, jusqu’à l’âge d’homme d’un romancier en devenir.Notre jeune narrateur a dix ans lorsqu’il reçoit sa première boîte en carton. C’est la valise qu’il utilise lors d’un voyage organisé par les mutualités chrétiennes dans la vallée de l’Ourthe en 1971. Le jeune garçon y fait la rencontre de Z., un camarade de son âge qu’il retrouve par la suite dans son quartier ou à l’école.Cette valise en carton s’ouvre devant nous pour nous faire voir le franchissement d’une frontière, le début d’un parcours qui fera découvrir au jeune héros l’amour en dehors du foyer. Ce livre est en ce sens un récit de voyage, un roman d’apprentissage. L’auteur y brosse par petites touches un véritable passage.

La famille comme point de départ

Le point de départ, le milieu d’origine est la famille où règne en maître la mère. Quatre femmes entourent le jeune garçon, et leur portrait truculent ou attendri, nous émeut:

  • la sœur plus âgée de 5 ans, qui s’occupe de son jeune frère avec sollicitude;
  • Wiske, amie de la maison, qui partage avec le garçon sa passion du cinéma, son besoin de fiction;
  • sa maman, qui s’adonne au théâtre amateur et fait de sa famille ou de la boucherie familiale, un lieu de mise en scène où elle excelle à interpréter le rôle de mère truculente. Elle donne à son fils le plein sens d’une langue maternelle où “nommer, c’est compléter la création” (p. 29);
  • la tante Germaine, enfin, Pit Germaine, qui possède le don du verbe : elle est l’inventrice du “racontage automatique”, un vrai moulin à paroles.

Cette famille est bien l’origine d’un futur homme de lettres, romancier, auteur dramaturge. Elle est le point de départ d’un parcours qui commence avec une valise en carton à la main.

Les années de formation

Autre boîte, la Boîte : le collège où le narrateur entame ses années d’études secondaires où il retrouve Z. dans sa classe. La salle de gymnastique notamment, est le décor des premiers émois, presque le théâtre d’une passion dévorante, pour ce condisciple.C’est l’occasion de déballer le contenu d’autres boîtes, celles qui renferment photos d’école ou cahiers, les souvenirs des profs qui ont marqué:

  • le Boche, prof de 3ème, hautain, inhumain;
  • le Jap, en 4ème, admirant de manière presque coupable Guido Gezelle;
  • Mussolini, en 6ème, prof de néerlandais qui inculque à l’auteur l’amour de la littérature.

S’ensuit un dernier voyage, celui fait en Grèce par la classe de rhéto, où le narrateur partage la chambre de son idole. Ce “transport” consacre l’ultime changement de l’adolescent en jeune adulte.

Un dictionnaire amoureux

Ce roman se transforme alors en un véritable dictionnaire amoureux où l’auteur dévoile le sens de chaque fragment de discours amoureux: mystification, imitation, sublimation, … Abécédaire du sentiment, où se mêlent transport amoureux, apprentissage de l’adolescent et naissance à la littérature. Car la quatrième boîte, comme l’indique in fine Lanoye, est celle que nous tenons en mains, nous lecteur de ce petit livre qui recèle les trésors et travers d’une existence.Un roman comme une petite boîte à trésors. Á découvrir.

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1 Commentaire

  1. kate says

    Ce livre est croquant et savoureux, je l’ai dévoré des yeux. A lire absolument.

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