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Fragments

Marilyn Monroe, Fragments

Ces fragments sont des textes, notes ou poèmes rédigés par l’actrice entre 1943 – date de son premier mariage à l’âge de 16 ans pour échapper à l’orphelinat, jusqu’à sa mort en 1962. Ces textes fragmentaires, rassemblés dans un contexte chronologique, forme un ensemble quelque peu impudique. Il en va ainsi d’écrits intimes, qui n’étaient pas destinés à être publiés, que nous découvrons, il n’empêche, avec curiosité.Marilyn s’y dévoile comme un être sensible, une femme sensée, une belle âme. Une personne solitaire, fuyant les groupes ou subissant l’échec dans l’union maritale.L’actrice, qui se montre plus à l’aise avec son image, a peu de mots; elle s’effraiera tout au long de sa carrière de ne pas connaître son texte, lorsqu’il s’agit de jouer quelque scène. Elle se montre ici dans ces courts écrits “volés” comme une personne qui s’essaye à l’écriture avec sensibilité et beaucoup d’honnêteté. On regrette de connaître d’emblée son destin tragique, malgré ses efforts pour se développer et être heureuse. Ses thérapies psychanalytiques, son union avec Arthur Miller, son assiduité lors des cours de l’Actor studio, ne suffiront pas pour arrêter le cours d’une existence malheureuse.

Alone together

Ce recueil de textes divers met en évidence le signe des Gémeaux sous lequel l’actrice est née. Deux, toujours deux, même en restant seule. A l’image de ses initiales en miroir – MM, ou de son pseudonyme pris lorsqu’elle souhaite échapper à la célébrité (Zelda Zonk, ou ZZ).

“Je n’ai jamais été très bonne pour appartenir à un groupe – je veux dire un groupe de plus de deux personnes.” (p. 241)

Seule, mais à deux. Ce sont les deux aspects de sa personnalité, deux directions opposées qui l’écartèlent. Plus d’un texte reprend cette idée:

“Life. I am at both of your direction.”, traduit par “Vie. Je suis tes deux directions” (p.29).

Différentes variantes existent et illustrent ce motif : un être tiraillé dans deux sens opposés, une femme ballottée, souffrant de bipolarité:

  • le haut et le bas
  • la côte Ouest où se trouve Hollywood, les origines familiales désastreuses, et le côté Est, New York, où elle s’installe en compagnie d’Arthur Miller
  • la volonté d’abandonner ce que les autres pensent d’elle pour être enfin ce qu’elle aspire être
  • le strass et le stress hollywoodiens, contre le désir d’une vie meilleure, plus intellectuelle (les cours de l’Actor Studio).

Ainsi ce rêve dont elle parle, où Lee Strasberg qui dirige les cours d’art dramatique à New York, doit lui ouvrir le corps en deux (p. 87).

Un plus un = 2

Son mariage avec Miller est un échec, car l’autre est inatteignable; les deux époux restent deux et ne forment pas un dans l’union. Elle révèle dans un aveu déchirant une contradiction inaliénable:

“Je ne peux pas m’habituer au fait qu’il m’aime et je continue à attendre de lui qu’il ne m’aime plus, tout en espérant que cela n’arrive jamais.” (p. 219).

Des photographies montrent souvent d’elle une ambivalence qui perdure : une femme fatale et une naïve enfant coexistent en une seule personne. Cet état est certes difficiles à vivre et, pour les être trop sensibles et intelligents, funeste, comme l’explique dans une belle postface Antonio Tabucchi:

“Car si les personnes faiblement sensibles et intelligents ont tendance à faire du mal aux autres, les personnes trop sensibles et trop intelligents ont tendance à se faire du mal à elles-mêmes. “p. 257).

Trébucher dans l’existence

Tel est le destin de ces personnes qui n’ont pas été soutenues, portées, durant l’enfance. La confiance vient à manquer, un soutien fait défaut; reste une claudication mal venue pour poursuivre l’existence.

“Essayer de me reprendre en me disant que j’ai réussi des choses justes qui étaient même bien et que j’ai eu des moments excellents. Mais le mauvais est plus lourd à porter et je sens que je n’ai pas confiance.” (p. 53).

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