Ce roman 100% Roth a pour cadre un campus américain lors de la guerre de Corée. Marcus Messmer y est étudiant pour fuir un père irascible et échapper à l’enrôlement dans l’armée.Il mène des études brillantes dans cette petite université conservatrice et rigide. Il connaît l’amour avec une jeune femme suicidaire, Olivia. Tout va bien.Pourtant, tout s’en va de travers…Peu de choses suffisent dans le cours d’une brève existence pour que se pose une question de vie ou de mort!
Une université en Ohio
Le narrateur est un jeune homme d’origine modeste. Il est issu d’un milieu juif new-yorkais. Il travaille dur dans la boucherie tenue par ses parents. Il étudie bien et poursuit avec succès ses études à l’université de Winesburg en Ohio. Il fuit sa famille et la conscription comme jeune soldat. C’est un roman d’apprentissage pour un garçon ayant si peu à apprendre : il s’écarte des cercles universitaires pour mener à bien ses études et s’oppose au doyen des étudiants qui le presse à moins se démarquer dans la vie de l’université. En vain.
Tragédie grecque
A la rigidité du milieu universitaire américain des années 50, Marcus oppose une inflexibilité morale qui lui sera fatale.Ce destin funeste fait du narrateur un jeune héros de la tragédie grecque, dont les ressorts tendent vers une issue implacable.De cette façon apparaît ce roman, qui s’écarte des ouvrages récents où Philip ROTH se lamente sur la vieillesse ennemie, un petit joyau romanesque. Bien sûr, on retrouve les thèmes récurrents de l’auteur (la vie universitaire, les conquêtes féminines, le désarroi de l’homme fasse à l’amour…), mais parsemés çà et là, avec un final tout à fait inattendu.C’est tout à fait intéressant, c’est la version masculine des romans de Carol Joyce OATES qui ont pour cadre un campus universitaire, avec des sujets semblables : la vie, la mort, l’amour.——Philip ROTH, Indignation, Gallimard, coll. Du monde entier, Paris, 2010, 196 p.paru aux Etats-Unis en 2008, traduit par Marie-Claire PASQUIER