L’auteur règle ses comptes. Après avoir dans son roman précédent tiré le portrait effrayant de ses parents, il démêle ses liens avec ses conjoints et ses propres enfants. Après la question des origines, le présent est livré avec autant d’effroi. Devenu père à son tour, Marc, le narrateur, double de l’auteur, traverse les difficultés des familles recomposées.
Familles décomposées
Tout y est, le mal est dit:
- des attaches familiales rompues avec une mère manipulatrice et un père complice, avec des frères ou sœurs lâches;
- des couples qui se forment et se défont;
- des enfants qui naissent et disparaissent, dans des ménages décomposés, recomposés.
“J’ai compris, mais je demeure incrédule : comment avons-nous pu rater à ce point notre aventure familiale, me dis-je, alors qu’à chaque instant nous avons eu le sentiment de bien faire.” (p. 9)
Marc vit avec Hélène en compagnie d’Anna et de Colline. D’un précédent mariage, il a eu deux enfants, David et Claire. Déliquescence, décomposition, aliénation parentale, tout va à vau-l’eau. L’état des lieux est terrible.
- David, le fils aîné, s’acharne à faire de son père un ennemi et s’entête à lui faire payer, en laissant derrière lui appartement en décombres et dettes.
- Hélène, sa seconde épouse, quitte le narrateur en douceur, qui l’aide pourtant à s’installer dans un nouvel immeuble.
- Ses filles Anna et Claire s’en vont ailleurs.
“Alors Colline, éclatant de rire:- Papa, il installe toutes ses femmes partout, et bientôt il va se retrouver tout seul dans la grande maison.”
La porte étroite
La vie de Marc est une vraie maison de papier, dont les portes et fenêtres s’ouvrent et claquent, au gré des arrivées et des départs, des retrouvailles et des séparations; la vraie vie? Qu’est-ce que tu vas faire, demande la fille à son père après le départ de l’aîné dans les fracas.
“Je ne sais pas encore, ma chérie, mais je vais trouver un moyen de laisser la porte ouverte.” (p.58)
La porte ouverte, la voie étroite.—–