Adolescence, Haut potentiel, Italie, Roman

La solitude des nombres premiers

Paolo Giordano, La solitude des nombres premiers

Alice et Martin sont deux jeunes personnes qui traversent l’enfance, l’adolescence et les premières années de l’âge adulte comme des “perdants magnifiques”. Inadaptés au monde, ou est-ce le monde si peu adapté à leur personnalité, ils s’approchent, ou s’éloignent, sans jamais tout à fait se séparer. Unis au monde comme deux nombres premiers jumeaux: 11 et 13, 17 et 19 …”Isolés et perdus” dans la série des nombres naturels, “proches mais pas assez“. Les “premiers jumeaux” sont des couples de nombres premiers voisins, ou plutôt presque voisins, car il y a toujours entre eux un nombre pair qui les empêche de se toucher vraiment.

“Tout le reste gisait submergé, à des profondeurs inaccessibles, dans une masse cimentée de discours jamais affrontés, d’excuses à présenter et à recevoir, de souvenirs à rectifier.”

Gémellité brisée

Mattia, mathématicien de génie pour qui l’arithmétique offre l’impression de mettre de l’ordre dans un petit bout de monde. Anonyme parmi les hommes, il a la difficulté d’être au monde et ne sait comment occuper l’espace avec son corps.Enfant, il a perdu sa jeune soeur jumelle dont la garde lui avait été confié en un instant malheureux.Cette gémellité brisée traduit dans les faits passés une âme soeur qui vient à manquer à jamais – laissant au jeune homme la sensation désespérée d’être séparé pour toujours du monde environnant,  des autres, à commencer par soi-même, ou du moins, d’un autre lui-même: désiré, rêvé, différent.Alice, jeune femme blessée à la suite d’un accident de ski qui la laisse claudicante, boîte lorsqu’il s’agit d’évoluer dans le monde. Anorexique, elle ne nourrit pas de relations avec les autres.

Le lien réparateur

Alice et Mattia se découvrent une ressemblance dans cette distance au monde, dans une gémellité de fortune, tel un lien protecteur qui leur offre un peu de chaleur dans un monde parfois si mal chauffé.Nous assistons à cette union se faisant, se défaisant, avec beaucoup d’attachement. L’enfance, les premières années de l’adolescence se déroulent:

“lui, refusant le monde; elle, se sentant refusée par le monde, et ils s’étaient aperçus que cela ne faisait pas beaucoup de différence.”

Beautiful losers..

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