Belgique, Flandre, Roman

La merditude des choses

Dimitri Verhuslt, La merditude des choses

L’auteur se souvient. Il retrace son existence passée à Reetveerdegem, un village flamand près de Alost, en compagnie de son père, de ses oncles et de leur vielle mère. La vie misérable aux côtés de ces adultes alcooliques, héros de bistrots, auteurs de forfanteries graveleuses, prend des allures de kermesse héroïque. Nous partons en compagnie de ces personnages  hauts en couleur dans de folles chevauchées fantastiques, de bar en bar, de femme en femme.

Kermesse héroïque

On est ici dans un tableau de Breughel l’Ancien, avec pour bande-son étonnante les chansons de Roy Orbisson. On se surprend à suivre ces forts en gueule vautrés dans la gaudriole, à qui on trouve quelque chose de sympathique, avant que notre sentiment ne tourne à l’aigreur.En effet, on se ressaisit vite, quand apparaissent les aspects pathétiques de l’alcoolisme dont souffrent le père et ses frères. C’est une vie de misère qui nous est décrite, faite de déchéances physiques, de grossièretés sans nom, de vomissures et de saleté. Les personnages quittent les tavernes de Breughel l’Ancien pour prendre les figures terribles d’une peinture de Jérôme Bosch. Les rires deviennent grimaçants.

La femme de sa vie

Le jeune Demmetrie est sauvé par sa grand-mère, la femme de sa vie. Elle l’extrait de ce milieu par l’intervention d’une assistante sociale, et l’extirpe de la merditude des choses… Reste une vie à construire, dont nous suivons les tentatives difficiles:

  • en devenant père à son tour, avec pour compagne une jeune femme mal aimée;
  • en s’occupant de son fils, un week-end sur deux;
  • en reniant ses origines, au grand dam des membres de sa famille;
  • en écrivant cette histoire, que nous découvrons au fil de ces pages, tantôt amusés, souvent ébahis.

Sentiments pluriels

Un roman flamboyant, dans les délires éthyliques ou les frasques de ces êtres étonnants, héros malheureux. Nous sommes terrifiés par la description de leurs conditions de vie. Nous sommes aussi captivés par le récit picaresque des heurs et malheurs de ces gens “près de chez nous”. Nous sommes tenus en haleine par le narrateur qui hésite entre réprobation, trahison et fidélité à sa famille. Enfin, nous sommes bouleversés par les remerciements que l’auteur adresse à sa grand-mère, devenu sénile, qui ne peut plus l’entendre…Restent les heures passées avec son jeune enfant qu’il emmène, par un juste retour des choses, dans un café de Reetveerdegem, en attendant ses oncles, pour voir, philosophe, tout ce qui le sépare de sa vie passée. Se reproduiraient presque les scènes vécues dans son enfance… 

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Références: La merditude des choses, Denoël, 2011, 238 p.
- paru en 2008 sous le titre original "De helaasheid der dingen"
- traduit du néerlandais par Danielle LOSMAN

1 Commentaire

  1. Pingback: La langue de ma mère | Romanesque…

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