Amérique, Cinéma, Hollywood, Récit

Hollywood Babylone

Kenneth Anger, Hollywood Babylone

Hollywood participe pleinement du rêve américain. Le cinéma fabrique des illusions de 1920 à 1969, vus et corrigés par un témoin direct le long de Sunset Boulevard.

Un monde d’illusions

Tout est fait de rêve, de légendes et d’illusions dans un monde doré où évoluent les acteurs et actrices hollywoodiennes. Tout est faux ou presque, dans un décor de carton-pâte. Absurdité merveilleuse, le rêve se transforme vite en cauchemar:

“Vu de Hollywood, le mythe de l’Âge d’or ressembla davantageà un dangereux pique-nique au bord d’un dangereux précipice; le chemin de la gloire était truffé de pièges en tous genres.” (p. 26)

Olive Thomas, danseuse des Ziegfeld Follies, meurt empoisonnée en 1920 à l’âge de 20 ans. Fatty Arbuckle, artiste comique, ne fait plus rire personne lorsqu’il provoque la mort atroce d’une jeune femme, à la suite d’une nuit d’ivresse. Wally Reid meurt dans une cellule d’un hôpital psychiatrique, âgé de trente ans, drogué, après une vaine cure de désintoxication.Les preuves de la décadence hollywoodienne dès 1920 abondent, alors que la ville resplendit par ailleurs comme capitale du cinéma.Barbara La Marr succombe à une overdose fatale lorsqu’elle a à peine 26 ans en 1926. Charlie Chaplin doit épouser une jeune femme mineure d’âge, déjà enceinte. Rudolph Valentino, icône de la séduction masculine auprès des femmes, meurt en 1926, alors que les doutes quant à sa virilité s’avèrent fondés.

Un monde de faussaires

Rien n’est vrai, tout est faux. L’écran est le reflet d’un monde sans réalité. L’illusion est presque parfaite; les acteurs, réalisateurs et producteurs sont de vrais faussaires. Voilà ce qui alimente une presse à scandale qui se développe alors. Des commères, des journalistes véreux font et défont des vies de stars parfois bien pitoyables.Errol Flynn est accusé d’avoir violé deux jeunes femmes mineures en 1942. Francis Farmer est enfermée durant de longues années dans des institutions psychiatriques, terrible sort profondément injuste. Lupe Velez, la femme de Tarzan, meurt en 1944, noyée la tête plongée dans la cuvette du WC après avoir avalé le contenu d’un flacon de Séconal.En 1947, à l’occasion d’une sordide campagne anticommuniste menée dans le monde du cinéma, certains trahissent et dénoncent, d’autres voient leur carrière brisée. La fille de Lana Turner tue l’amant de sa mère en 1958, lors d’ébats sado-masochistes. Jane Mansfield finit sa course au bord d’une route, après un terrible accident de voiture.

L’ombre et la lumière

Tout est drame et désolation, les faits sont terribles et sordides. La lumière laisse la place à l’ombre d’une existence. La magie s’en va, dans un monde de décadence.Mais est-ce bien vrai? La désillusion, c’est encore de l’illusion, inversée. Les scandales, le récit de toute la noirceur et des turpitudes à outrance, c’est encore du cinéma, des histoires à fabriquer des stars, des étoiles déchues – mais des étoiles quand même, qui brillent d’un soleil noir. Sexe, stupre, drogue, crime et violence: c’est tout ce qui forme la plupart des films qui font rêver, ici, qui font pleurer. Ce récit de Kenneth ANGER en témoigne.

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Références: Hollywood Babylone, Tristram, 2013, 307 p.
- paru sous le titre original "Hollywood Babylon" en 1975
- traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Gwilym TONNERRE

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