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Misfit

Adam Braver, Misfit

Les derniers jours de la vie de Marilyn Monroe.

De manière romancée, l’auteur nous présente la fin d’une existence mythique en décrivant un séjour en juillet 1962 à Cal-Neva Lodge (Nevada) chez Frank Sinatra. Le chanteur, atroce personnage, se produit sur la scène d’un casino entouré de proches, des gens importants ou de mafiosi en mal de distractions. Le lieu est fréquenté par Peter et Pat Lawford, la soeur du président Kennedy.

Les désaxés

Adam Braver met également en perspective les dernières années de l’actrice et le tournage de “Misfits” (les Désaxés en français), dernier film réalisé par John Huston, dont le scénario fut écrit par le mari de Marilyn, Arthur Miller. Ce film réunira à l’écran des êtres dont l’existence est proche de la fin. Le temps d’un tournage, arrêt sur images dans cette réalisation crépusculaire: chacun poursuivra par la suite son propre destin tragique. Tous se rassemblent dans un monde finissant:

  • John Huston, malade;
  • Clarck Gable, en vieux cow-boy fatigué, qui mourra peu après la fin du tournage;
  • Montgomery Clift, en proie aux affres de l’alcoolisme, bien content que l’attention se concentre sur sa consoeur en désespérance, Marilyn;
  • Arthur Miller, dont le mariage avec Marilyn ne survit pas à ce film apocalyptique;
  • Marilyn, enfin, qui exaspère toute l’équipe, en multipliant les absences, abrutie par les médicaments et apeurée par les doutes qui l’assaillent.

La fin prend ses origines dans le début de l’existence de l’actrice, lorsqu’elle souffrit de l’absence d’un père, de l’abandon par sa mère internée en hôpital psychiatrique, de ses séjours en maison d’accueil ou foyer pour jeunes filles. Ce fut une enfance déréglée, désaxée, marquée par le vide, frappée par l’absence, le manque de soutien ou d’attention.

Une lueur, une lumière

Alors surviennent les occasions, les rencontres, les événements qui font de cette jeune femme fragile un modèle pour les photographes, une actrice pour tant de spectateurs. Elle se choissit un monde d’apparence, à son image, où elle brille tant tout son corps appelle et capte la lumière. Un appareil photo, une caméra se dirige vers elle, et le miracle s’opère, elle transcende la lumière qui se pose sur elle.Tout un monde, donc, finit comme il a commencé: tout en creux. Ce monde fascine le lecteur comme la peur du vide. Nous assistons en lisant ces pages au tournage d’un film déréglé, au concert d’un chanteur faux même s’il chante juste. Nous sommes happé par un creux, un manque, une fêlure dont il est difficile de détourner le regard. Toute une vie est mise ici en regard d’une béance que rien ne vient combler.En cela, l’auteur réussit bien à nous captiver, tant son modèle fascine. Reste alors cette question : comment une femme aussi belle a pu être aussi triste? Pourquoi une femme aussi célèbre a pu vivre, et mourir, aussi seule?

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