Apprentissage, Enfance, Famille, France, Marilyn, Roman

Comme une ombre

Michel SCHNEIDER, Comme une ombre

Comme un frère

Bernard est pour Michel comme un frère, un demi-frère né dans une famille éclatée (7 enfants, presque tous d’un père différent). C’est un alter ego, maléfique, une ombre opposée à la lumière, comme le noir contraste avec le blanc. Huit ans séparent les deux jeunes gens, Bernard est le grand frère, hautain, qui toise avec dédain son cadet. Il lui apprend l’amour pour les filles, mais de manière dévoyée, et surtout la passion pour la musique, qui restera, intacte.

Faux frères

Michel devient musicologue, animateur reconnu d’une émission de musique classique, écrivain. Bernard revient brisé de la guerre d’Algérie où il a combattu comme parachutiste, commettant nombre de violences, viols ou tortures. Il mourra devenu l’ombre de lui-même, ayant perdu de sa superbe, agonisant alcoolique, solitaire. Faux frère, il aura commis pire que la torture durant la guerre, il aura connu du plaisir dans la souffrance infligée à ses victimes. Il meurt à 40 ans, défait.Reste pour Michel le devoir de raconter 30 ans après l’existence, l’enfance, la distance prise avec ce frère fuyant, dans un récit parfois “déchirant”.

Ombre et lumière

Cette figure du déchirement se marque dans la forme du récit. Le roman prend l’allure d’un livre dans le livre, un manuscrit aux mains d’un éditeur qui le publie comme tel, en alternant passages en “je” et parties livrées à la troisième personne. Voilà qui affaiblit un peu la portée du roman : la note de l’éditeur qui préface le récit est un artifice connu, superfétatoire. L’intérêt est ailleurs, dans ce lien qui unit et oppose les deux frères, comme le jour et la nuit réunis dans 24 heures. Le blanc et le noir, c’est le couple mythique, la part de Dieu et celle diabolique que recèle tout individu; c’est l’alliance avec le diable, Bernard a quelque chose de Méphistophélès.Dans un récit précédent – “Marylin dernières séances“, l’auteur décrivait les dernières heures de Marilyn Monroe par le biais du journal tenu par son psychanalyste, Norman Greesom. De séance en séance se dessinaient les instants ultimes d’une personne ayant connu la lumière, et mourant dans l’ombre, durant la nuit. Le roman traduisait à merveille les liens ambigus unissant deux êtres, la vedette et son analyste, sous la forme d’un journal tenu par le praticien, oraison funèbre de l’éblouissante Marilyn Monroe. 

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