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A moi seul bien des personnages

John Irving, A moi seul bien des personnages

La saga de William Abott, dit Bill, né dans une famille dont les membres sont tous truculents, au sein d’un campus estudiantin dans le Vermont. Le roman tout entier est placé sous le signe du travestissement.

Ascendance

“- Pardi! lui répliqua ma mère. Les romans sont un travestissement comme un autre, non?”

Ascendance particulière : son père est homosexuel devenu parent par hasard, qu’on rencontre à la fin de l’histoire acteur travesti dans un cabaret espagnol, heureux en ménage avec son imprésario. Sa mère est souffleuse dans un théâtre amateur. Son beau-père  met en scène des pièces de Shakespeare, où les rôles féminins sont tenus par les hommes. Son grand-père revêt sur la scène les habits de son épouse pour interpréter des femmes imposantes. Son condisciple, Jacques Kittredge, bellâtre manipulateur, endosse des rôles de séducteur; il mourra du Sida, inverti.

Transgenre et initiation

Tous les genres s’entremêlent.Miss Frost, bibliothécaire, est une transsexuelle, ancienne championne de lutte, qui initie le jeune Billy à l’amour et à la littérature. Elle est bien la figure centrale du roman, dans le rôle de l’initiatrice.Les livres de John Irving sont pour la plupart des romans d’initiation qui brassent les années, les destinées, les personnages, et ici les genres. On pense par exemple à “L’oeuvre de Dieu, la part du diable” (1985) où Homer Wells est un orphelin éduqué par le médecin Wilbur Larch. Sa jeunesse a été bercée par la lecture de “David Copperfield” et de “Les Grandes Espérances” de Charles Dickens, lu par le docteur aux orphelins.Ici, Miss Frost est l’égale de Roberta Muldoon, ex-joueur de football américain devenu femme dans “Le monde selon Garp” (1980), qui veille sur le destin du jeune Garp. Miss Frost est l’égérie du jeune Billy dans son orientation sexuelle (il devient bi pour son plus grand bonheur) et dans ses choix littéraires (Dickens, Flaubert, Baldwin, …); le jeune homme devient écrivain, chantre de la tolérance dans ses romans.

Parcours divers et traversées

On parcourt sous la houlette de l’auteur les années – notamment les années ’80, les années sida, terribles pour la communauté homosexuelle. On traverse les frontières : le Vermont, New York, LA, Paris ou Vienne. On change de sexe, d’identité. C’est du Irving dans le texte.Mais les années passent, et depuis la parution du Monde selon Garp, la magie opère moins. Reste un roman truculent, picaresque, typiquement américain, typiquement Irving.

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