Adultère, Amour, France, Roman

Les fidélités

Diane Brasseur, Les fidélités

Un homme et deux femmes, loin des chabada bada. L’homme a 54 ans, est marié, a un enfant; il entretient une relation avec une femme de 31 ans. Peu avant de partir en vacances avec sa famille, il doit appeler Alix, sa maîtresse. Quelques jours se passent avant le départ, il réfléchit à  sa situation.Un homme, deux femmes et deux maisons. Il travaille à Paris, où il retrouve Alix pour mener avec elle une vie presque conjugale, les jours de semaine. Le week-end ou durant les vacances, il rejoint à Marseille son épouse et sa fille.Qui a deux femmes perd son âme; qui a deux maisons perd la raison. C’était le proverbe sujet du film “Les nuits de pleine lune” réalisé par Éric ROHMER. Ce n’est pas le problème du narrateur. Au contraire, il raisonne avec à-propos et beaucoup d’estime tant sa femme que Alix. Il n’est pas malheureux avec son épouse, et pourtant, ne peut être tout à fait heureux avec sa maîtresse. L’homme adultère n’est bien nulle part:

“Chez Alix, je ne suis pas chez moi et chez moi, je deviens un étranger.” (p. 50)

Fidélité dans l’infidélité

Qui trop embrasse mal étreint, prévient un autre proverbe. Le problème n’est pas de choisir entre deux femmes, deux vies, deux maisons; c’est étrangement la question de la fidélité dans l’infidélité qui est posée. Comment rester fidèle, ne pas trahir, ne pas céder à la lâcheté, dans cette vie située dans un intervalle, un perpétuel “entre deux”.

“Je fais l’amour avec Alix, je fais l’amour avec ma femme. Je ne sais plus qui je trompe avec qui.” (p.119)

La charge tragique est prégnante, dans ces considérations menées par le narrateur, confronté dans un espace-temps réduit, à un questionnement sans réponse. Il y a trop et trop peu à la fois. Quelque chose, ou est-ce quelqu’un?, vient à manquer.Durant ces quelques jours où il réside chez lui auprès des siens, avant de partir en vacances avec ses proches, il se promet en vain d’appeler Alix. Le temps paraît suspendu, tant que cet appel n’a lieu.L’homme mène une réflexion sensible; il se souvient avec tendresse. Il raisonne et souffre à peine. Il aime sa femme et fait preuve d’amour envers Alix lorsqu’il adopte son point de vue.Étrange roman, très attachant : le style est factuel, l’écriture simple, nette. Les phrases courtes se succèdent et correspondent au caractère de l’homme qui s’interroge. Il est en accord avec lui-même; il sait ce qu’il fait, qui il aime. Reste à savoir, va-t-il donner cet appel? Le récit s’achève sur un souvenir délicat d’une première rencontre avec Alix. La fin rappelle étrangement les débuts.  

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