Etats-Unis, Roman

Les locataires de l’été

Il y a des romans de l’été, comme il y a des livres de l’hiver. “Passer l’hiver”, par exemple, d’Olivier ADAM. Ici, Charles SIMMONS présente l’action en été, durant l’année 1968, sur la côte Est des États-Unis. Amour et mort se conjuguent pour dessiner la trame d’une tragédie prenante, le temps d’un été.

Marivaudage à l’américaine.

Durant l’été ’68, un père et son fils aiment la même jeune femme. Zina est belle, d’origine russe, photographe amatrice. Elle habite en compagnie de sa mère, Mrs Mertz, dans un pavillon sur la plage de Cap Bone.Michaël a 15 ans, Zina 20. Ils sont voisins : les parents de Michel louent au couple Mertz la petite maison de vacances au bord de la mer. Michaël aime Zina, mais Zina s’attache au père, homme d’action, marin d’expérience. Nous assistons à une sorte de marivaudage américain qui se transforme en un Oedipe inversé – le père ravit la femme de son fils et y trouve la mort.

Le roman de celui qui aime

Agréable dissertation sur l’amour, ce roman est celui de l’être qui aime. On se trouve dans un tableau d’Edward HOPPER, confronté à des êtres en proie à l’amour, et un certain charme opère.

“L’être aimé ne se montre pas à la hauteur de l’attente de l’autre” (p. 107)

Charles SIMMONS se révèle le digne héritier de Carson McCullers. On se rappellera les propos qu’elle tenait dans “La ballade du Café triste”:

“Il y a celui qui aime et celui qui est aimé, et ce sont deux univers différents. Celui qui est aimé ne sert souvent qu’à réveiller une immense force d’amour qui dormait jusque-là au fond du cœur de celui qui aime. En général, celui qui aime en est conscient. Il sait que son amour restera solitaire. Qu’il l’entraînera peu à peu vers une solitude nouvelle, plus étrange encore, et de le savoir le déchire”- Carson McCullers, La ballade du Café triste, ed. Stock, 1974, traduction de Jacques Tournier, p. 46

——Charles SIMMONS, Les locataires de l’été, ed. Phébus, coll. Libretto, 2010, 188 p.- traduit de l’américain par Eric CHEDAILLE- titre original Salt water, 1997

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