Angleterre, Nouvelles

Nocturnes

L’auteur japonais le plus britannique écrit cinq nouvelles ayant un thème commun: la musique. Il s’agit plutôt d’un prétexte pour nous raconter des histoires; ce sont des individus cocasses dont une tranche de vie nous est donnée à lire. C’est tantôt drôle et tendre, parfois mélancolique, toujours touchant. Quelque chose prend fin, un rêve s’éteint, une vie nouvelle doit commencer. Mais ce qui demeure est un sentiment de perte.

Tout commence et finit à Venise.

Un musicien d’origine tchèque joue de la guitare pour les touristes sur la piazza à Venise. Il reconnaît dans le public un crooner américain oublié. Ce dernier enrôle le narrateur pour une dernière sérénade en gondole à la fenêtre de sa femme qu’il va quitter; ces adieux en chansons annoncent pour lui une nouvelle carrière…Un jeune violoncelliste hongrois joue sur la place et est remarqué par une américaine qui projette de le faire progresser en lui prodigant des conseils. Ce travail en commun ouvre des sphères nouvelles pour le jeune musicien, mais leur collaboration prend fin à l’arrivée de son amant.

En Angleterre aussi

Un Anglais vieux garçon est invité à Londres par un ancien ami et une amie de collège pour résoudre leurs problèmes de couple. S’ensuit une suite de tracas rocambolesques très drôles. Tout se termine bien au son d’April in Paris chanté par Sarah Vaughan.Un jeune guitariste compose de nouvelles chansons dans les collines de Malvern en Angleterre. Il fait la connaissance d’un vieux couple de touristes qui l’encouragent dans la composition musicale.Un saxophoniste de jazz délaissé par sa femme se résout à changer le cours de sa carrière en prêtant son visage à la chirurgie esthétique. C’est l’occasion de faire les quatre cents coups en compagnie de sa voisine de chambre, la vedette Lindy Gardner. Cet improbable duo sortent la nuit dans les couloirs de l’hôtel où ils séjournent en convalescence. Il trouvera en la circonstance de quoi nourrir un espoir de voir sa femme revenir.Quelques spécimens de l’humanité défilent ainsi sous nos yeux, dans des situations diverses; des individus en fin de vie ou de carrière, des êtres humains en perte de vitesse s’arrêtent, et l’auteur nous invite à les regarder avec humanisme, et on aime ça.—–Kazuo ISHIGURO, Nocturne. Cinq nouvelles de musique au crépuscule, ed. des Deux Terres, Paris, 2010, 248 p.Traduction de Anne RABINOVITCH

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