Roman, Scandinavie, Suède

Les oreilles de Buster

Maria Ernestam, Les oreilles de Buster

D’emblée, on sait qu’Eva, lorsqu’elle avait 17 ans, a assassiné sa mère. Eva a aujourd’hui 56 ans et raconte son présent en compagnie de Sven, son passé marqué par une mère perverse, ses amies qui l’entourent, sa fille et ses petits-enfants.

Petits crimes en famille

L’auteur du meurtre est connu, reste à savoir le mobile. Les 400 pages de ce journal intime nous donnent peu à peu les raisons et forment une chronique légère de moment d’enfance ou d’adolescence, dramatiques ou plus légers.Petits crimes entre membres de la famille, mais quelle famille. Eva vit enfant unique aux prises avec une mère hystérique, manipulatrice, perverse narcissique, alternant attentions et méchancetés, tendresse et coups de griffe. Reste une perversion dont la jeune Eva fait les frais seule, alrs que son père est écarté. C’est “Vipère au poing” ou “Poil de carotte” à la suédoise!

Mélodrame étonnant

Aujourd’hui, Eva vit à Frillesas avec Sven dont nous apprendrons sur le tard la véritable identité. Elle écrit les pages de ce journal intime dans un mouvement libératoire. Faute avouée … Nous saurons tout de ce parcours qui mène un enfant traumatisée par une mère despote, vers la délivrance, à défaut de bonheur. Après s’être fait la main sur ce pauvre Buster, le chien méchant du voisinage qui la terrorise; après avoir expérimenté son pouvoir de représailles sur Bjorn, quadragénaire libidineux; elle aime John, un marin anglais, elle tombe enceinte et devient fille-mère. Ce roman a tout de la romance pour femme éplorée. Mais le récit ménage ses effets, puisqu’il s’agit d’apprendre pourquoi Eva ira jusqu’à tuer sa mère.Tous les ingrédients d’un mélodrame scandinave sont réunis là; c’est sans compter sur le talent de l’auteur pour nous surprendre au fil du temps, avec des péripéties inattendues, de petites perversions amusantes de la part de l’héroïne, des extrémités révélées, dont le matricide. Étonnant roman à l’image d’une surprenante Scandinavie dont on apprécie la culture, les auteurs. C’est rempli de bonnes choses :

  • un récit attachant;
  • une description par le menu d’une mère perverse narcissique;
  • un plaidoyer pour le jardinage et mieux la culture des roses, qui sont un ressort dramatique inattendu.

Une belle surprise: attachant, souvent étonnant, toujours intelligent.

Repris sous:Roman, Scandinavie, Suède
Références: Les oreilles de Buster, Gaïa, 2011, 411 p.
- titre original "Busters öron" paru en 2006
- traduit du suédois par Esther SERMAGE

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *