Amour, France, Roman

Le système Victoria

Eric Reinhardt, Le systeme Victoria

Christophe Keller aime sa femme, malade des nerfs, qu’il protège. Il est parent de deux jeunes filles. Pourtant, il s’éprend de Victoria, rencontrée par hasard, avec laquelle il entretient une relation dont il croit être le maître.  Il est pourtant emporté par la passion amoureuse et bousculé par la pression d’un travail harassant. Il est directeur de travaux, maître d’ouvrage lors de l’érection d’un bâtiment démesuré. Mais qui est le véritable maître?Tout tourne autour de Victoria, et en cela c’est un vrai système qui se met en place et qui va briser le narrateur. Cette femme est belle, insatiable, elle aussi mariée, mère de famille, directrice des ressources humaines dans un grand groupe international. Elle aime passionnément et dirige un petit groupe d’hommes dans son entourage : mari, amants. Elle construit un véritable système où s’enferme le narrateur.

“Le chantier était tellement complexe que le meilleur moyen d’y faire face était de se sentir en permanence comme au-dessus des contingences, sans se laisser capturer par aucune inquiétude insidieuse. C’est non seulement ce que l’observation du mode de vie de Victoria avait servi à me remettre en mémoire (être à la fois dedans et au-delà, partout et nulle part, autrement dit ne jamais se laisser affecter). (…) mais c’est aussi ce que les forces qu’elle me donnait m’ont permis d’appliquer à moi-même.” (p. 243)

Le goût de la victoire

La fréquentation de sa maîtresse exacerbe le goût du risque, de l’obstacle, du combat et de l’adversité : le goût de la victoire. En privé et sur le plan professionnel. Intimité et profession s’entremêlent et étrangle le narrateur lorsque Victoria lui propose un projet architectural pour le compte de sa société. Le système se referme tel un piège, dans un jeu de rôle dangereux. “C’est moi qui m’y séquestre: pas ma dépendance à ta personne, par le fait que j’ai besoin de toi”, croit le narrateur, lorsqu’il s’adresse à son amante.

“Et je découvre que ce système fait de moi, en théorie, un élément parmi d’autres.” (p.393)

alors que l’instigatrice de ce système ne se laisse jamais démonter, enfermer, en étant soi-même dans un mouvement d’un élément à l’autre de sa structure, tissée comme une toile.

Un vrai système de défense

C’est peut-être aussi un système de défense que cette femme élabore, pour se préserver de pulsions trop violentes, éviter de partir en vrille de manière incontrôlée. Qui contrôle qui, et quoi? La fin du récit nous donne en ce sens une ultime explication de cette existence systématique qui conduira chacun des acteurs à sa perte.Roman de tous les extrêmes, dense, tendu vers la fin, qui ménage un vrai suspense, sans donner de réponse ultime. A l’image du narrateur qui aime Victoria jusqu’à l’incandescence sans pourtant connaître… la jouissance! Le lecteur à la lecture de ce livre connaît un réel plaisir…

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