Tous les livres critiqués sous: Roman

genre littéraire romanesque

Annie ERNAUX, Les années

Les années

Au fil des pages, alors que l’évocation du passé défile à partir des photos qui se succèdent, l’inventaire devient systématique. Ce livre est le répertoire chronologique d’une vie intime, celle de l’auteur, avec, en écho, la vie en société. C’est l’usage de la photo comme prétexte réitéré, préalable à chaque texte, pour former in fine une énumération des pratiques sociales, une évocation de l’époque à partir de réminiscences intimes. Avec beaucoup de nostalgie.

Joyce Carol OATES, Ce que j'ai oublié de te dire

Ce que j’ai oublié de te dire

Le portrait de trois jeunes filles en proie aux tourments de l’adolescence. Joyce Carol OATES nous invite à regarder avec bienveillance Merissa, Tink et Nadia dans leur rapport maladroit au monde. Domine le thème récurrent chez l’auteur, à savoir l’opposition d’un être souvent seul, en butte avec la société – ici, le système scolaire ou la famille.

Laurence Tardieu, Une vie à soi

Une vie à soi

En 2011, Laurence Tardieu découvre l’œuvre de la photographe Diane Arbus, morte suicidée. Quelque chose se passe lors de cette exposition: la découverte d’une sœur du malheur, la perception d’un reflet dans le miroir, la volonté de comprendre le mal-être, sans vouloir guérir ni résoudre.
La rencontre analogique entre deux artistes hypersensibles

Ana ENQUIST, Quatuor

Quatuor

Quatre personnes malmenées par l’existence forment un quatuor à cordes. Ils se retrouvent régulièrement dans la ville d’Amsterdam pour répéter en amateurs Mozart ou Schubert. Ils forment alors un ensemble musical, ils laissent entendre des désaccords, mais parfois aussi ils jouent à l’unisson avec un bonheur partagé.
Un “roman choral” qui fait entendre sa petite musique. Il nous décrit des personnages en proie à l’isolement et qui, ensemble, atteignent l’harmonie.

Graham SWIFT, Le dimanche des mères

Le dimanche des mères

Le dimanche 30 mars 1924, dans les riches familles anglaises, les domestiques prennent un jour de congé à l’occasion de la fête des mères. Jane, servante, orpheline, rejoint le jeune Paul Sherrigham dans sa belle propriété. La demeure leur appartient durant la matinée – les parents de Paul participent à un dîner à l’extérieur. Les deux jeunes gens s’abandonnent à l’amour, Paul s’habille pour rejoindre sa fiancée avec laquelle il se mariera bientôt. Jane reste seule et, nue, parcourt la belle demeure…
C’est une belle journée de printemps après laquelle plus rien ne sera comme avant. Un jour où tout bascule.

Laurent MAUVIGNIER, Continuer

Continuer

Sybille et Samuel, mère et fils en proie à des difficultés d’être au monde, parcourent à cheval les routes du Kirghizistan. Un récit de voyage, au cours duquel les protagonistes changent et atteignent à plus d’authenticité, malgré les erreurs et les événements malheureux. Un roman d’aventure, qui entretient chez le lecteur, page après page, l’envie de… continuer!

Siegfried LENZ, Une minute de silence

Une minute de silence

Christian, jeune adolescent, assiste avec ses camarades d’école à la cérémonie d’adieu en l’honneur de Stella Petersen. Elle était cette jeune professeur d’anglais, admirée de tous, et aimée de Christian. Dans cette petite ville portuaire de la Baltique en Allemagne, les deux jeunes gens se sont aimés, puis séparés, lorsque la mort de Stella laisse le jeune homme sans voix. Commence une minute de silence qui lui semble une éternité.

Catherine CUSSET, L'Autre qu'on adorait

L’autre qu’on adorait

Thomas Bulot, professeur dans une haute école américaine, se suicide à 39 ans. Catherine, la narratrice, agrégé de lettres travaillant à Yale aux Etats-Unis, ami et ancienne amante de Thomas, raconte son parcours. Dans un récit en “tu”, l’auteure fait le récit d’une vie marquée par des échecs universitaires, des ruptures amoureuses et une inadaptation sociale liée à un caractère bipolaire. Un récit étonnant.

Jonas GARDELL, N'essuie jamais de larmes sans gants

N’essuie jamais de larmes sans gants

Amour, maladie et mort : les trois chapitres de ce roman démontrent l’équation valable pour les homosexuels dans les années 1980 en Suède.
Nous suivons ici la destinée d’un groupe d’amis habitant Stockholm, avec Rasmus et Benjamin qui forment un couple central. Les deux jeunes hommes évoluent, depuis leur enfance dans un milieu familial et provincial rigide, jusqu’à leur vie commune dans la capitale suédoise, les épisodes tragiques qui marquent l’existence des homosexuels en 1980 : la maladie ou la mort, qui les frappent presque sans exception.

Edouard LOUIS, Histoire de la violence

Histoire de la violence

Edouard LOUIS revient ici aux origines, au pays d’Eddy Bellegueule, son précédent roman. Et la violence? C’est celle dont a été victime le narrateur (un viol). C’est aussi la “violence de l’enfermement”. Pas moyen d’en sortir, aucune issue pour échapper à sa condition : sa condition sociale, comme la situation dans laquelle se trouve la victime d’un agresseur. Reste à en parler, comme le fait ici le narrateur, à sa sœur Clara, à ses amis, à la police. Et par l’écriture, dans la lignée de l’écrivaine de la mémoire, Annie ERNAUX.

Joyce Carol OATES, Daddy love

Daddy love

Dans le parking d’un centre commercial à Libertyville, une maman lâche la main de son petit garçon entre deux rangées de voiture. Robbie Whitcomb, 5 ans, disparaît, enlevé par un mystérieux ravisseur. L’auteur des faits est un pédophile, manipulateur, prédicateur dans une église protestante.
On apprend la vie qui s’ensuit pour les personnages, au plus près des faits et de leurs pensées. Les manipulations du tortionnaire, les peurs de l’enfant, les blessures des parents. Six ans s’écoulent, et puis survient un fait nouveau. Ils ont retrouvé Robbie !

Amos Oz, Judas

Judas

Fin 1959, à Jérusalem, le jeune Shmuel abandonne ses études en Histoire et religions pour vivre le temps d’un hiver dans la maison d’un vieil invalide. A charge pour lui de faire la conversation avec son protégé. Rôde dans la demeure presque abandonnée la belle Atalia, dont le père fut un opposant politique aux fondateurs de l’Etat d’Israël. Commencent alors de longues discussions sur les fondements de la nation juive, les errements de la plupart des dirigeants avec pour référence la figue biblique de Judas. Le traître, vil et félon, n’était-il pas un homme courageux, à l’inverse de ce que l’on prétend? Il est peut-être celui qui a fondé le Christianisme…

Olivier Bourdeaut, En attendant Bojangles

En attendant Bojangles

Hortense emmène mari et fils dans une course folle. A sa suite, la vie est extravagance débridée et ignorance délibérée de la réalité. Le mouvement perpétuel est érigé en mode de vie et la chanson de Nina Simone, “Mr Bojangles”, devient ici un hymne à l’amour. Seule la mort peut mettre un terme à une vie aussi folle. Un livre étonnant, à la fois fable poétique et conte philosophique, avec une langue bourrée d’allitérations.

André Aciman, Plus tard ou jamais

Plus tard ou jamais

Elio a 17 ans. Ses parents accueillent, comme chaque été, un étudiant américain. Oliver, âgé de 24 ans, a tout pour plaire. L’intelligence d’un brillant universitaire, le charme d’un homme assuré. Avec pour cadre magnifique une propriété près de la mer, se noue une relation entre Elio et son hôte difficile. L’ami américain se montre avec le jeune homme tantôt distant, voire dédaigneux, jusqu’au jour où…
Roman d’initiation, placé sous le signe des Métamorphoses d’Ovide, celles qui caractérisent les changements opérés par l’amour, marqués dans la chaire et le verbe. Il y a aussi quelque chose du charme du “Jardin des Finzi-Contini”, chef-d’oeuvre de Giorgio Bassani.