Tous les livres critiqués sous: Homosexualité

Jonas GARDELL, N'essuie jamais de larmes sans gants

N’essuie jamais de larmes sans gants

Amour, maladie et mort : les trois chapitres de ce roman démontrent l’équation valable pour les homosexuels dans les années 1980 en Suède.
Nous suivons ici la destinée d’un groupe d’amis habitant Stockholm, avec Rasmus et Benjamin qui forment un couple central. Les deux jeunes hommes évoluent, depuis leur enfance dans un milieu familial et provincial rigide, jusqu’à leur vie commune dans la capitale suédoise, les épisodes tragiques qui marquent l’existence des homosexuels en 1980 : la maladie ou la mort, qui les frappent presque sans exception.

Edouard LOUIS, Histoire de la violence

Histoire de la violence

Edouard LOUIS revient ici aux origines, au pays d’Eddy Bellegueule, son précédent roman. Et la violence? C’est celle dont a été victime le narrateur (un viol). C’est aussi la “violence de l’enfermement”. Pas moyen d’en sortir, aucune issue pour échapper à sa condition : sa condition sociale, comme la situation dans laquelle se trouve la victime d’un agresseur. Reste à en parler, comme le fait ici le narrateur, à sa sœur Clara, à ses amis, à la police. Et par l’écriture, dans la lignée de l’écrivaine de la mémoire, Annie ERNAUX.

André Aciman, Plus tard ou jamais

Plus tard ou jamais

Elio a 17 ans. Ses parents accueillent, comme chaque été, un étudiant américain. Oliver, âgé de 24 ans, a tout pour plaire. L’intelligence d’un brillant universitaire, le charme d’un homme assuré. Avec pour cadre magnifique une propriété près de la mer, se noue une relation entre Elio et son hôte difficile. L’ami américain se montre avec le jeune homme tantôt distant, voire dédaigneux, jusqu’au jour où…
Roman d’initiation, placé sous le signe des Métamorphoses d’Ovide, celles qui caractérisent les changements opérés par l’amour, marqués dans la chaire et le verbe. Il y a aussi quelque chose du charme du “Jardin des Finzi-Contini”, chef-d’oeuvre de Giorgio Bassani.

Zoé VALDES, La femme qui pleure

La femme qui pleure

Zoé VALDES fait le portrait de Dora Mar. Cette femme a été pour le peintre Picasso la “femme qui pleure”, la modèle et la maîtresse de l’artiste. Elle a inspiré au peintre espagnol, durant une vie de couple difficile, de grandes toiles. Mais le grand maître se révèle dans le portrait que la romancière fait de lui, un homme odieux, un ogre qui se nourrit de sa compagne, avant de la délaisser, de la laisser détruite.

Tom LANOYE, Troisièmes noces

Troisièmes noces

Mariage blanc avec une jeune femme noire : c’est la proposition étonnante qu’accepte Maarten Seebregs, homosexuel de 50 ans habitant Beveren. Le narrateur est de plus malade, au chômage, et déprimé après la mort de son compagnon, Gaëtan, avec qui il a partagé la vie. Tamara et son futur époux forment un duo typique des films de comédie. Tout oppose au début ces deux êtres qui finissent par se rapprocher, dans un récit picaresque.

Siri Hustvedt, Un monde flamboyant

Un monde flamboyant

Harriet Burden est une artiste à New-York. Elle souffre du manque de considération pour ses œuvres. Pour déjouer les préjugés artistiques, elle mène un projet “Masquages”. Elle organise trois expositions en solo dans des galeries renommées avec des prête-noms masculins. Elle s’avance masquée et réussit son pari. Mais le piège se referme sur elle. Personne ne la croit quand elle révéle la supercherie. Qui est pris qui croyait prendre…

Claire-Lise MARGUIER, Le faire ou mourir

Le faire ou mourir

Damien est une frêle jeune homme de 16 ans, à l’écart des autres élèves. Sam le prend sous son aile et l’intègre dans sa bande de garçons et filles qui aime Indochine et adoptent une allure gothique: allure sombre, un peu efféminée. Damien se surprend à être bien en leur compagnie. C’est “La vie d’Adèle” au masculin avec, pour enjeu, l’affirmation de soi contre l’adversité. Un très bon roman “Jeunesse”.

Edouard LOUIS, En finir avec Eddy Bellegueule

En finir avec Eddy Bellegueule

Un homme en colère. Un garçon jadis rejeté, stigmatisé, renie aujourd’hui son passé. Le fils prodigue, autrefois rejeté, retourne dans son milieu d’origine le temps d’une narration; l’enfant indigne insulté revient par écrit sur sa famille alcoolique et violente, pour mieux en réchapper. Revenir pour mieux repartir.
Le récit presque sociologique, illustration des théories du bouc émissaire, se double d’un roman excellent qui pourrait s’intituler “L’étranger”, loin du soleil d’Alger, plongé dans la grisaille de la Picardie.

Tom Lanoye, Les boîtes en carton

Les boîtes en carton

Ces boîtes en carton sont les symboles qui jalonnent pendant près de 10 ans l’existence de l’auteur dans le pays de Waas. Tom Lanoye ouvre ces boîtes sous nos yeux pour dévoiler les souvenirs de jeunesse: son milieu familial, les voyages organisés par la mutualité, les années de collège, et cet amour dévorant pour un jeune condisciple. C’est souvent truculent, toujours sympathique, extrêmement savoureux. De petites boîtes à trésors.