Tous les livres critiqués sous: Apprentissage

Dominique PASCAUD, Figurante

Figurante

Louise est une femme de chambre dans un hôtel en province. Dans son existence terne surgit l’inattendu. Un réalisateur de cinéma souhaite tourner un film dans l’établissement. Le vieil homme veut faire de Louise son actrice principale, puis se ravise. Un monde nouveau s’est ouvert devant la jeune femme, puis se ferme aussitôt. Mais plus rien ne sera comme avant.

Graham SWIFT, Le dimanche des mères

Le dimanche des mères

Le dimanche 30 mars 1924, dans les riches familles anglaises, les domestiques prennent un jour de congé à l’occasion de la fête des mères. Jane, servante, orpheline, rejoint le jeune Paul Sherrigham dans sa belle propriété. La demeure leur appartient durant la matinée – les parents de Paul participent à un dîner à l’extérieur. Les deux jeunes gens s’abandonnent à l’amour, Paul s’habille pour rejoindre sa fiancée avec laquelle il se mariera bientôt. Jane reste seule et, nue, parcourt la belle demeure…
C’est une belle journée de printemps après laquelle plus rien ne sera comme avant. Un jour où tout bascule.

Laurent MAUVIGNIER, Continuer

Continuer

Sybille et Samuel, mère et fils en proie à des difficultés d’être au monde, parcourent à cheval les routes du Kirghizistan. Un récit de voyage, au cours duquel les protagonistes changent et atteignent à plus d’authenticité, malgré les erreurs et les événements malheureux. Un roman d’aventure, qui entretient chez le lecteur, page après page, l’envie de… continuer!

Olivier Bourdeaut, En attendant Bojangles

En attendant Bojangles

Hortense emmène mari et fils dans une course folle. A sa suite, la vie est extravagance débridée et ignorance délibérée de la réalité. Le mouvement perpétuel est érigé en mode de vie et la chanson de Nina Simone, “Mr Bojangles”, devient ici un hymne à l’amour. Seule la mort peut mettre un terme à une vie aussi folle. Un livre étonnant, à la fois fable poétique et conte philosophique, avec une langue bourrée d’allitérations.

André Aciman, Plus tard ou jamais

Plus tard ou jamais

Elio a 17 ans. Ses parents accueillent, comme chaque été, un étudiant américain. Oliver, âgé de 24 ans, a tout pour plaire. L’intelligence d’un brillant universitaire, le charme d’un homme assuré. Avec pour cadre magnifique une propriété près de la mer, se noue une relation entre Elio et son hôte difficile. L’ami américain se montre avec le jeune homme tantôt distant, voire dédaigneux, jusqu’au jour où…
Roman d’initiation, placé sous le signe des Métamorphoses d’Ovide, celles qui caractérisent les changements opérés par l’amour, marqués dans la chaire et le verbe. Il y a aussi quelque chose du charme du “Jardin des Finzi-Contini”, chef-d’oeuvre de Giorgio Bassani.

Annie Ernaux, Mémoire de fille

Mémoire de fille

Mémoires d’une jeune fille dérangée. Annie Ernaux replonge dans l’été de l’année 1958, du choc créé par une première relation avec un homme et du traumatisme causé pendant plus de deux ans. La jeune fille travaille comme monitrice dans une colonie de vacances pour enfants. Elle connaît là sa première expérience de travail en groupe, de vie en société hors de chez elle; elle y rencontre un homme, H., plus âgé, qui entretient avec elle une courte relation. Leurs rapports sexuels se déroulent avec violence et laissent la jeune fille dans une sorte de stupeur. Double expérience, celle du désir qui prend corps et celle de la honte au sein d’un groupe. Corps sexué et social, placés sous le signe de la honte, la forme la plus vive de la mémoire parce qu’inscrite dans la chair.

Brigitte GIRAUD, Nous serons des héros

Nous serons des héros

Olivio, à l’âge de 8 ans, fuit avec sa mère le Portugal et la dictature du général Salazar. Il quitte un pays qui a vu mourir son père, en prison, pour des raisons politiques. Il gagne la France et vit chez un couple de Portugais, puis un homme avec qui la mère du jeune garçon refait sa vie. Dans cette errance, un petit chat accompagne Olivio.
C’en est fini de l’enfance, vient vite l’adolescence. La révolte, d’abord retenue, puis violente, explose lors d’une tempête qui a vu mourir le petit chat. Un beau roman d’initiation, dans un style limpide et attachant.

Henri BAUCHAU, L'enfan bleu

L’enfant bleu

Véronique Vasco est professeur de dessin et psychologue dans une institution pour enfants psychotiques. Elle prend en charge un patient, Orion, âgé de 13 ans, sujet à des emportements violents. Elle le guide vers l’expression artistique. La création aide l’adolescent à s’affirmer. Il devient artiste et trouver sa voie, dans un monde pourtant difficile.
Pendant plus de 12 ans, nous suivons le couple formé par l’analyste et son patient. Vrai roman d’apprentissage, avec Véronique pour mentor, sorte d’Ariane qui nous guide dans un labyrinthe à la rencontre du démon.

Christine ANGOT, Un amour impossible

Un amour impossible

Christine ANGOT raconte l’histoire de ses origines. Rachel, sa mère, juive, est de condition modeste. Elle rencontre Pierre, un homme de bonne famille. Ils ont un enfant, Christine, qu’il reconnaîtra sur le tard, qu’il violera des années durant. L’auteur se livre à une critique de la raison sociale. Devant sa mère, elle emprunte le langage de son père pour faire le procès auquel il a échappé, et rend son verdict en en appelant à la lutte des classes, à la guerre des mots. L’amour est impossible, la vie perdue d’avance?

Colette FELLOUS, La préparation de la vie

La préparation de la vie

Récit fourre-tout, qui concerne la vie de l’auteur depuis l’enfance jusqu’à aujourd’hui. Colette FELLOUS égrène des souvenirs d’enfance, des photos de jeunesse, une histoire d’amour manquée avec un américain à Paris, des poèmes japonais, et surtout l’admiration pour Roland Barthes, dont elle a suivi le séminaire sur la préparation au roman, véritable préparation à la vie.

Un pedigree

Modiano évoque dans un court récit ses années de jeunesse triste. Il consigne ses faits et gestes, sa vie de chien sans pedigree livré un peu trop à lui-même, de 1945 – année de sa naissance, jusqu’à ses 21 ans. L’auteur écrit ici, comme une sorte de long CV, à titre documentaire, comme pour s’en débarrasser. “Sans doute pour en finir avec une vie qui n’était pas la mienne”.

Richard Ford, Canada

Canada

Dell Parsons a 15 ans en 1960 dans le Montana. Il mène une vie banale et paisible en compagnie de ses parents et de sa sœur Berner. Mais, à quelques semaines de la rentrée scolaire qu’il attend fermement, la police arrête ses parents auteurs d’un hold-up qui a tourné au fiasco. Cet événement terrible laissent sa sœur et lui désemparés dans l’existence… La fin de l’innocence.

Michel SCHNEIDER, Comme une ombre

Comme une ombre

Une ombre plane sur l’existence de Michel Forger, celle d’un frère disparu. Bernard a été son grand frère, autrefois admiré, puis déchu, désormais décédé, et pourtant encore présent. Comme une ombre. Le narrateur trace le portrait contrasté de ce frère, issu d’une famille dissolue, qui a connu les affres de la guerre d’Algérie comme soldat parachutiste. Il en reviendra mais restera … l’ombre de lui-même.

Eleanor CATTON, La répétition

La répétition

Un roman de campus, à l’américaine. A double titre : une même histoire se répète, celle d’Isolde, jeune lycéenne qui suit un cours de musique, et celle de Stanley, qui étudie l’art dramatique. Le récit progresse de séance en séance, en suivant l’évolution des deux jeunes étudiants, lors de répétitions. Isolde se confie à sa professeure. Stanley se soumet aux pratiques de ses maîtres d’interprétation, dans une relation pervertie… Roman d’apprentissage inversé, placé sous le signe de la perte