Année: 2015

Eleanor CATTON, Les luminaires

Les luminaires

C’est la ruée vers l’or, en 1866, en Nouvelle-Zélande. Les hommes, et quelques femmes, dans un monde sans enfants, rêvent d’or et de richesse. Des événements mystérieux ont secoué dans la ville. Un chercheur d’or avait trouvé fortune et a disparu. Un homme, solitaire, trompé par sa femme, est retrouvé mort. Une putain attente à ses jours sur la place publique, gorgée de sexe et d’opium avec, sous sa robe, une manne d’or… Et le récit de progresser en ronds mouvants qui encerclent les faits et gestes des personnages, avec, au centre, Anna Wetherell: la femme, maman et putain.

Colombe SCHNECK, La réparation

La réparation

C’est l’histoire d’un lourd secret de famille que l’auteur dévoile : le nom de Salomé qu’elle donne à sa fille est celui d’une lointaine cousine morte à Auschwitz en 1943. C’est aussi l’histoire d’un choix, terrible, fait par la mère de l’enfant mort pour elle vivre, ou tout au plus, survivre, malgré le désespoir.
Tout est histoire de lignée, de liens et descendance, d’héritage lourd à porter.

François BEGAUDEAU, Entre les murs

Entre les murs

Un jeune professeur de français enseigne au Collège Mozart, dans une zone d’éducation prioritaire à Paris. Il entame l’année scolaire avec une classe de quatrième, et nous commençons de lire ce récit “intra muros”.
Enfermement dans le monde de l’école: élèves et profs s’opposent dans la classe, en conseil de discipline… à force de langage et dans une chorégraphie bien précise où le corps professoral a le dernier mot. Terrible huis-clos dont il n’y a pas ou presque moyen de s’en sortir!

Brigitte Giraud, Avoir un corps

Avoir un corps

Toute une vie de femme racontée par le biais du corps. Passe l’enfance, vient le temps des amours, la vie en couple, le corps qui fait place à l’enfant, la mort de l’homme. C’est le portrait d’une femme faite de strates différentes, qui se superposent, sédimentent et tiennent ensemble, solidaires. Rien qu’une femme, mais qui les vaut toutes.

Hedwige JEANMART, Blanes

Blanès

Un homme disparaît au retour de Blanès, cette petite ville de la Costa Brava. Eva, sa femme, ne se résout pas à cette disparition, inexpliquée, et retourne dans la cité balnéaire pour essayer de comprendre. En vain, le mystère s’épaissit dans un monde qui apparaît à la l’héroïne chaotique, stérile. Une histoire étrange, un livre hypnotique, car un charme particulier opère dès la première phrase jusque la dernière, avec une certaine indolence. Étonnant.

Alessandro BARICCO, Mr Gwyn

Mr Gwyn

Tout commence comme une parabole dont on devine la sagesse, et se termine en un formidable roman avec une intrigue, un suspense, des rebondissements. Et toujours un propos hautement intéressant. Mr Gwyn est une écrivain reconnu qui … ne veut plus écrire. Ou du moins, ne plus être publié. Il se consacre alors à des portraits écrits devant modèle, donnant lieu à des récits édités à un seul exemplaire, destiné au client. Mais l’expérience tourne mal…

Colette FELLOUS, La préparation de la vie

La préparation de la vie

Récit fourre-tout, qui concerne la vie de l’auteur depuis l’enfance jusqu’à aujourd’hui. Colette FELLOUS égrène des souvenirs d’enfance, des photos de jeunesse, une histoire d’amour manquée avec un américain à Paris, des poèmes japonais, et surtout l’admiration pour Roland Barthes, dont elle a suivi le séminaire sur la préparation au roman, véritable préparation à la vie.

Nancy HUSTON, Bad girl

Bad girl

Entre fiction et réalité, l’auteur parle de soi. Elle s’adresse à elle-même par le biais d’une autre, Dorrit : bébé, fille et femme, à tous les âges, adulte, celui de l’enfance ou même de la vie in utero. Elle retrace ses classes de littérature, établit une filiation avec ses professeurs de désespoir: Gary, Beckett, Ernaux. Terrible récit, fort attachant.

Tom LANOYE, Troisièmes noces

Troisièmes noces

Mariage blanc avec une jeune femme noire : c’est la proposition étonnante qu’accepte Maarten Seebregs, homosexuel de 50 ans habitant Beveren. Le narrateur est de plus malade, au chômage, et déprimé après la mort de son compagnon, Gaëtan, avec qui il a partagé la vie. Tamara et son futur époux forment un duo typique des films de comédie. Tout oppose au début ces deux êtres qui finissent par se rapprocher, dans un récit picaresque.

Thomas GILBERT, Véneneuses

Vénéneuses

Interprétation psychédélique en cases et bulles d’un fait divers sordide : le suicide en commun de deux adolescentes, amies pour la vie… et la mort. En mal de vivre, en butte avec la société, délaissées ou violentées par des adultes irresponsables, les deux jeunes filles se jettent du haut d’un building. Un saut dans le vide, un saut de l’ange pour une bande dessinée intéressante.

Claire-Lise Marguier, Les noces clandestines

Les noces clandestines

Écriture singulière, sujet étrange. L’auteur nous enferme dans un un huis-clos dont seule la fin du récit nous libère. Un homme, prof d’histoire de 40 ans, enlève et séquestre un adolescent en fuite au sous-sol de sa maison, aménagé à cet effet. Se noue alors un lien pervers entre le jeune prisonnier et son geôlier, étranges noces clandestines consommées dans la souffrance. Mais peu à peu les positions s’inversent, le maître devient esclave de sa passion.

Dominique Fabre, Photos volees

Photos volées

Jean, 58 ans, vit seul. Il connaît une mauvaise passe : harcèlement au travail, licenciement abusif, pression exercée par des connaissances ou Pôle Emploi pour retravailler. C’est le moment de faire le bilan de sa vie: comment transformer le malheur en chance? Il se remet à la photo, renoue des amitiés, trouve l’amour. C’est un vrai plaidoyer pour un comportement réservé dans l’existence. Ce récit nous invite à voir “ces petites choses” qui viennent de loin, que le narrateur capte comme un photographe “prend” une photo.